Robin Schone, La lady et le soldat

51YKVVBX74L._SY445_Présentation de l’éditeur : piégé par la tempête, le colonel Coally se réfugie dans un cottage isolé où vit lady Abigail, vieille fille de trente ans dont il ne tarde pas à découvrir l’inavouable secret : elle se languit de connaître les joies de l’amour physique qu’elle imagine seulement grâce à sa collection de livres. Ces deux solitudes vont s’unir dans le plus audacieux des pactes : chacun devra assouvir les fantasmes de l’autre.

Encore une présentation d’éditeur qui ne me satisfait pas. elle n’est pas représentative de la finesse de l’écriture de cette nouvelle, et de la sensibilité du récit. il faut dire que j’ai vraiment beaucoup aimé ce texte.

Lady Abigail Wynfred est seule dans un petit cottage isolé. Elle va avoir trente ans,  et est considérée comme une vieille fille par la bonne société. Abigail avait des rêves de jeune femme : rencontrer l’amour et découvrir avec lui toutes les facettes d’une sensualité qu’elle explore grâce aux publications scandaleuses qu’elle lit en cachette. Mais à l’occasion de cet anniversaire particulier, elle décide de s’accorder une semaine loin de tout, pour dire adieu à cette jeune femme rêveuse mais pleine de fougue, et se tourner vers un mariage de convenance.

Le colonel Coally a 35 ans, dont 22 passés dans l’armée. C’est un homme désabusé, sensible, submergé par des souvenirs de guerre éprouvants. Il retourne à la vie civile.  Il n’a jamais connu que des amours furtives et tarifées. Ce soir là, il se rend à la taverne pour y trouver une femme, et oublier. Mais son cheval le renverse et s’enfuit.

Ces deux solitaires, qui sont à un tournant majeur de leur vie, sont donc réunis par une tempête. Coally se réfugie dans le cottage d’Abigail, contre la volonté de celle-ci. L’isolement, l’orage, l’obscurité permet un rapprochement qui n’aurait pas eu lieu en temps normal:

Elle aurait dû être choquée par cet aveu qu’un gentleman ne se serait jamais permis de faire à une dame. Au lieu de cela, elle oublia sa rancœur qu’un étrange sentiment de camaraderie envers cet inconnu remplaça. Il avait vu sa malle remplie d’ouvrages érotiques et il ne l’avait pas jugée. Elle n’aurait pas l’hypocrisie de le juger maintenant, alors qu’il était de toute évidence taraudé par les mêmes désirs qu’elle.

Lui veut se perdre dans la volupté pour oublier les horreurs de la guerre, elle pour ne pas penser à l’avenir. C’est pour quoi elle lui propose :

– Je veux bien vous aider à oublier, Robert, si vous m’aidez à faire de même en retour.

Il décident donc d’un pacte : tant que durera cette orage, ils se donneront l’un à l’autre, sans tabou.

– Laissez-moi être l’homme de vos fantasmes, Abigail, murmura-t-il contre sa joue. Pendant que la tempête continue, donnez-moi tout ce que vous lui avez donné à lui.
[…]
Elle voulait oublier, elle aussi. L’espace d’une nuit, elle serait celle qu’elle avait cru être quand il l’avait embrassée. Une femme belle, désirable, jeune et pleine d’espoir.

Commence alors une exploration sensuelle.Une exploration non seulement des corps mais aussi des âmes, et des cœurs. Ils se parlent, échangent leurs fantasmes, se respectent, s’émeuvent l’un l’autre. Et grâce à ce dialogue qui s’instaure entre eux, grâce à cette volupté qu’ils découvrent ensemble – elle en perdant sa virginité, lui en ayant pour la première fois une relation non tarifée et avec une dame de qualité – ils se lient profondément tout en accédant à une nouvelle connaissance d’eux-mêmes. Ils s’offrent l’un à l’autre pour un temps qu’ils pensent compté, mais qui les engage l’un envers l’autre. Et pourtant un malentendu les séparent… et un tour du destin les réunis.

C’est un récit doux-amer, joliment écrit, où on parle de sexe crûment mais sans vulgarité, où les personnages se vouvoient, où le respect est présent et profond, et qui en plus, finit bien ce qui ravit mon cœur d’artichaut!

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