The dark duets – C.J. Roberts

Review in french and in english

Il y a des lectures qui vous poursuivent mais que vous hésitez à partager. Parce que le sujet est trop lourd, parce que l’écho qu’il a fait vibrer en vous est de l’ordre de l’intime.

La série The dark duets fait partie de ce genre de lecture. C’est Cess (son avis) qui m’en a parlé, un jour, me disant qu’elle venait de faire une lecture qui l’avait vraiment marquée, mais qu’elle hésitait à la partager car elle la jugeait « non recommandable », et que pourtant, elle avait envie de pouvoir en parler. Ce qu’elle m’en a dit m’a tellement intriguée que je me suis lancée. Et j’ai plongé droit dans le récit. Une histoire dure, intense, à la limite du supportable et du compréhensible. L’histoire d’un amour fou qui éclos dans le terreau de l’horreur et de l’indignité, condamné d’avance. Et pourtant…

Je le dis tout de suite, ce billet va spoiler parfois le récit. Et délibérément, je ne parlerais pas de la troisième partie, trop spoilant. Parce que cette trilogie est finement écrite, sans concession, au scalpel, mais fait preuve d’une incroyable complexité, car elle en appelle à nos sentiments les plus profonds. A tel point que j’ai condensé un mail de toutes mes réactions sur le vif que j’ai envoyé à la fin de la lecture à Cécile, parce qu’exprimer mon ressenti était essentiel tout au long de ma lecture.

dark duet captive in the darkPremière partie : Captive in the Dark

Caleb est beau, blond aux yeux gris, charismatique. Il a environ 25 ans. Il ne connait pas son âge, et pour cause : ses premiers souvenirs remontent au bordel de Téhéran où il a subit l’humiliation, le viol, la prostitution et la violence. Il est sauvé de la mort à l’aube de l’adolescence par un homme, un pakistanais, qui se nomme Rafiq. Cet homme, militaire gradé de carrière, lui réapprends à vivre, mais le formate dans un but : se venger d’un oligarque russe, Vladek, qui est responsable de la mort de la mère et de la sœur de Rafiq. Caleb devient un «formateur » d’un genre particulier : on lui adresse des femmes, consentantes ou non, pour qu’il en fasse des esclaves sexuelles, soumises à leur Maitre.

Car Rafiq et Caleb ont un plan sur le long terme : se hisser dans la « hiérarchie » de la vente d’esclaves sexuels pour un jour approcher Vladek et pouvoir l’assassiner. Cela fait 12 ans qu’ils se préparent. Enfin ils approchent du but. Ne manque que l’instrument de leur vengeance, leur cheval de Troie : la jeune femme parfaite, celle qui sera susceptible d’arrêter le regard de Vladek lors d’une vente aux enchères. L’idéal à leurs yeux : une jeune américaine, vierge si possible, qu’il faudra kidnapper et former dans un laps de temps de 4 mois…

Caleb a repéré sa proie. Elle a 18 ans, et il l’observe depuis des jours. Belle hispanique, renfermée, avec un quelque chose qu’il ne saurait définir. Une première rencontre dans la rue, où il la sauve (quelle ironie) d’un prédateur sexuel qui rôde en voiture. Première rencontre, première stupéfaction pour Caleb : les réactions de la jeune fille ne sont pas celles qu’il attendait. Mais elles le confirment dans son choix : il la fait enlever le lendemain.

Commence alors un huis clos étouffant, étourdissant, nauséeux entre Olivia et Caleb. Et se construit alors une relation étrange entre eux, faite de répulsion, de haine, de fascination et d’attirance. Il la surnomme Kitten (chaton), lui ordonne de l’appeler Maitre. Mais un de ses comparses a dévoilé son identité, et elle reconnait en lui son sauveur et son bourreau. « Son » Caleb.

L’auteur joue subtilement dans toute cette première partie avec l’alternance entre le je/Caleb/Master d’Olivia (elle raconte le récit à la première personne, parle de Caleb dans les moments d’affection, doit l’appeler Maitre quand il la forme) et le he/the girl/kitten de Caleb (le récit est à la troisième personne pour Caleb, il objective Olivia en ne l’appelant pas par son prénom) Elle est dans le ressenti, lui dans l’oblitération… Et pourtant le rapprochement se fait. Un double langage qui instaure les nuances de leur relation : Master/Kitten pour celle où ils se combattent, elle ne voulant pas abdiquer, lui voulant la soumettre, la briser, pour parvenir à étancher sa soif de vengeance ; Livvie/Caleb lorsqu’ils se retrouvent sur le même terrain émotif d’attirance et de tendresse ; les distorsions entre eux puis l’imbrication dans le jeu des Caleb/Kitten, Livvie/Master.

13612739Deuxième partie : Seducted in the dark

Le livre s’ouvre sur l’arrivée à l’hôpital d’Olivia, en état de choc complet, sous la menace d’une arrestation par le FBI. Elle a perdu Caleb et est dans un état de détresse insondable. Le livre va s’articuler entre les rencontres entre l’Agent Reed et l’Agent Sloan (enquêteur pour lui, psychologue pour elle) avec Olivia, et le récit que Livvie leur livre de ce qui lui est arrivé pendant ses trois mois de détention en tant qu’otage de Caleb.

Reed veut aller vite : son objectif est de savoir où va se passer la vente aux enchères, et le niveau d’implication d’Olivia dans ce trafic d’esclaves sexuels. Sloan veut prendre le temps qu’il faut : elle est d’abord et avant tout thérapeute. Livvie veut prendre tout son temps : il lui faut raconter par le menu sa relation avec Caleb, pour se sentir totalement comprise, pour qu’on accepte son amour pour lui, et pour qu’on l’accepte lui, dans sa monstruosité, sa fragilité, son humanité.

On sait dès le départ qu’elle n’est pas vendue aux enchères, on sait qu’elle pleure son amour perdu. Mais que diable s’est-il donc passé ?

C’est le récit d’une descente aux enfers pour Livvie, dont l’amour grandit chaque jour pour son oppresseur qui la déçoit à chaque fois qu’elle lui demande de la choisir elle plutôt que sa vengeance ; celui d’un engrenage à la fois psychologique et factuel dont Caleb ne semble pas pouvoir s’échapper.

Les scènes à l’hôpital psy sont très émouvantes. Elles décrivent parfaitement la détresse d’Olivia, et ce fil du rasoir sur lequel elle marche : si elle ne croit plus en l’amour qu’elle porte à Caleb, alors tout devient totalement monstrueux. Le fait de transcender comme ça, est ce de la résilience ou de la folie?

La force, la dignité et la capacité d’amour de Livvie se heurte à la violence, la perversité et l’inertie de Caleb. Et pourtant, de façon effrayante, en dévoilant le passé de Caleb, l’auteure nous amène à l’humaniser, à avoir de l’empathie pour lui. A croire à cette histoire d’amour totalement tordue et dévastatrice, mais aussi rédemptrice.

C’est toute la complexité de ces livres. De l’horreur nait une histoire d’amour. De relations froidement sexuelles et non consenties  nait une relation sensuelle et aimante.
Ça pose des questions assez intéressantes :
Livvie est-elle obsédée ou amoureuse. En plein syndrome de Stockholm ou en pleine passion? Quand son corps cède à la soumission, cela en fait-elle une soumise dans son âme?
Jusqu’où peut-on aller pour sauver sa peau? (là je pense à Kit par exemple).
Caleb est-il un monstre? Si oui, est-ce inné ou acquis? Si non, pourquoi? Qu’est ce qui le sauve? La rédemption est-elle possible?

Et surtout, je n’ai jamais cessé de penser que la réalité pouvait être ainsi, voir pire. Je pense que l’auteure est très bien renseignée sur tout ce qui est trafic humain/sexuel et ce qu’elle apporte de vérité fait froid dans le dos. Et traumatise.

J’ai trouvé que la grande force des bouquins c’était l’émotion. Il n’y pas un moment de tranquillité. Incrédulité, horreur, colère, chagrin, répulsion, fascination, tout y passe. Même les moments d’apaisement sont intenses. Leurs petites bulles d’intimité et de tendresse sont une goulée d’air frais au milieu de tout ça. J’ai ressenti de la colère, de la compassion, j’ai jugé, condamné, et même, j’avoue avoir pleuré…
c’est un livre qui dérange fortement, qui interpelle énormément, qui marque absolument.
On en sort pas indemne, et je le classe dans la catégorie « parfois, c’est pas mal de repousser ses limites pour en apprendre sur soi-même, surtout que ce n’est pas dangereux ni pour soi ni pour les autres ».

PS: je me rends compte en me relisant que je n’ai absolument pas parlé des scènes de sexe alors que ce livre est classé dans la catégorie Dark-Erotica. Il y en a, de nombreuses. Avec une gradation subtile là aussi allant du non consenti/humiliant/dégradant à la scène d’amour cathartique entre Caleb et Olivia, en passant par des étapes de plus en plus sophistiquées dans la « formation » d’Olivia. Voilà qui est réparé.

There are readings that pursue you but you hesitate to share. Because the subject is too heavy, because the echo that rattled in you is about intimacy.

The dark duets series is part of this kind of reading . This is Cess ( her opinion) that told me about it one day, telling me she had just read that brands her , but she hesitated to share it because it ‘s considered  » not recommendable  » and yet , she wanted to talk about it . What she told me was so intrigued that I started . And I dove right into the story . A story hard, intense, at the verge of unbearable and understandable. The story of a passionate love that hatched in the soil of the horror and indignity , doomed . And yet …

I tell you right now , this post will spoil sometimes the story. And deliberately , I do not talk about the third part , too spoilant . Because this trilogy is finely written , uncompromising ,whith a scalpel , but proved incredibly complex , because it appeals to our deepest feelings. So much so that I have an email digest of all my reactions on the spot that I sent to Cecile at the end of the reading, because expressing my feelings was essential throughout my reading.

First part : Captive in the Darkdark duet captive in the dark

Caleb is beautiful, blond , gray-eyed , charismatic . He has approximately 25 years. He does not know his age, and for good reason: his earliest memories date back to the brothel in Tehran where he suffered humiliation, rape, prostitution and violence. It is saved from death at the dawn of adolescence by a man , a Pakistani , who is called Rafiq . This man, a military leader career, relearning him to live, but formate him in a goal : taking revenge of a Russian oligarch , Vladek , who is responsible for the death of the mother and the sister of Rafiq . Caleb becomes a  » trainer » of a special kind : they sent him women , willing or not, and he makes her sex slaves , subject to their Master .

Rafiq and Caleb have a plan for the long -term climb: in the « hierarchy » of the sale of sex slaves for one day approach Vladek and be able to murder him . They prepare for to 12 years . Finally they approach the goal. Is only missing the instrument of their vengeance , their Trojan horse : the perfect young woman, one who is likely to stop the look of Vladek at an auction . The ideal in their eyes : a young American, virgin if possible, he will kidnap and train in a period of four months …

Caleb has spotted its prey. She is 18 and he watches her for days. Beautiful Hispanic, enclosed , with something he can not define . First meeting in the street , where he saves her( ironically ) from a sexual predator lurking in car. First meeting, first amazement for Caleb : the girl’s reactions are not the ones he expected. But they confirm his choice : he kidnapped the next day.

Then begins a camera sultry, stunning , nauseous between Olivia and Caleb. And then built a strange relationship between them , made of repulsion, hate, fascination and attraction . He nicknamed her Kitten, ordered her to call him Master. But one of his cronies unveiled its identity , and she recognizes in him his savior and his tormentor . « Her » Caleb.

The author subtly plays throughout the first part , alternating between the I / Caleb / Master from Olivia ( she tells the story in the first person , talking about Caleb in moments of affection, should call him when Master he trains her) and the he/the girl/ kitten from Caleb ( the narrative is in the third person for Caleb , he objective Olivia by not calling her by her first name ). She is in the feeling , he is in the obliteration … yet the link is bonding . This doublespeak introduces the nuances of their relationship : Master / Kitten when they fight , when she did not want to abdicate , him wanting to submit her, to break her to reach quench his thirst for vengeance ; Livvie / Caleb when they find themselves on the same field of attraction and emotional tenderness, distortion then imbrication in the game of Caleb / Kitten, Livvie / Master .

Second part: Seducted in the dark13612739

The book opens with Olivia’s arrival at the hospital, in complete shock , under the threat of arrest by the FBI. She lost Caleb an she is in a state of unfathomable distress . The book will be organized between meetings between the Agent Reed and the Agent Sloan ( he’s investigator , she’s psychologist ) with Olivia, and the story that Livvie gives them of what happened to her during his three-month detention by Caleb as a hostage .

Reed wants to go fast: the goal is to know where will happen the auction, and the level of involvement of Olivia in trafficking sex slaves. Sloan wants to take the time it takes : she is first and foremost therapist. Livvie wants to take her time : she must tell in detail her relationship with Caleb , to feel totally understood, for one accept her love for him , and one accept him in its monstrosity, his fragility, his humanity.

one knows from the outset that she was not sold at auction , one knows she is crying for her lost love. What the hell did go wrong?

This is the story of a descent into hell for Livvie , whose love grows every day for his oppressor, whose disappoints every time she asks him to choose her rather than revenge; the story of the psychological and factual gear that Caleb can not seem to escape.

The scenes in the psychiatrist hospital are very moving . They perfectly describe the distress of Olivia, and this razor’s edge on which she is walking : if she no longer believe in her love to Caleb , then everything becomes totally monstrous. transcending like that, is this resilience or madness ?

Livvie ‘s strength, dignity and ability to love faces Caleb’s violence, perversity and inertia. And yet, in a way so frightening , by revealing the past of Caleb , the author leads us to humanize him , to have empathy for him. To believe in this love story twisted and totally devastating , but also redemptive .

This is the complexity of these books. From horror born a love story . From coldly and non-consensual sexual relationships born a sensual and loving relationship .
It raises some interesting questions:
Livvie is she obsessed or in love? Is it full Stockholm Syndrome or full passion? When her body gives into submission, did she subjecting her soul ?
How far can you go to save your life ? ( I think about Kit for example).
Caleb is it a monster? If yes, is it innate or acquired ? If not, why ? What saved him ? Redemption is possible?

And most importantly, I never stopped to think that reality could be so, or worse . I think the author is very knowledgeable about everything that is human / sex trafficking and what she brings in truth is chilling . And traumatized .

I found that the great strength of the books was the emotion. There was not a moment of tranquility. Disbelief , horror, anger, grief , repulsion , fascination, everything goes. Even calming moments are intense. Their small bubbles of intimacy and tenderness are a gulp of fresh air in the middle of all of it. I felt anger , compassion , I tried, I convicted , and even I admit I cried …
this is a book that strongly disturbs, that calls a lot, which absolutely brand.
Is not unscathed , and I class it in the category  » sometimes it is not wrong to push the limits to learn about oneself, especially as it is not dangerous either for self or for others . »

PS: I realize by reading that I have absolutely not talk about sex scenes then this book is classified as Dark-Erotica . There re , many . again with a subtle gradation from the non-consensual / humiliating / degrading to the scene of cathartic love between Caleb and Olivia , passing through stages of increasingly sophisticated in « training » Olivia . That is repaired.

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5 réactions sur “The dark duets – C.J. Roberts

  1. Eh bien, en tout cas, ce roman a l’air d’avoir une sacrée construction, une sacrée histoire. Faudra que j’attende une traduction mais je me laisserai sans doute tenter.
    Merci de ta participation 🙂

    • Dans ce genre de cas, je suis rarement optimiste. Je ne pense pas qu’il y ait un « volume » suffisant de lectrices de ce genre de littérature en France pour qu’il soit traduit… Et effectivement, sacrée histoire 🙂 Merci à toi Stéphie, c’est vrai que la petite fenêtre « décomplexante » du premier mardi permet de parler de lectures qu’on aurait pas imaginé faire, ou commenter!

  2. Pingback: Le premier mardi, c’est permis (31) – Mille et une Frasques

  3. J’adore tes billets ! Mais contente de les avoir lus après les livres car tu spoiles à mort lol. J’ai eu bcp de mal à décrocher de ces deux héros et de cette ambiance pesante et sombre. Heureusement le tome 3 éclaire un peu tout ça. En tout cas l’auteure est brillante et a écrit un vrai petit bijou extrêmement bien construit.

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