(*) Cette citation est tirée de l’excellent site urban dictionnary et me fait franchement rigoler car elle résume tout à fait le phénomène du mommy-porn à mon avis :).
Et là je sens les inquiétudes monter : « m’enfin, tu lis ça toi ?! ». Et bien oui, je l’ai fait ! Mais rien que pour vous !
Agacée (légèrement amusée en fait) par la question récurrente « Au fait, tu as lu 50 nuances de Grey ? » que me posait ceux qui savent que je blogue sur mes lectures, moi qui n’avait aucune envie de le lire au départ, puisque c’était présenté comme une fan-fiction de « Twilight » que j’avais modérément apprécié, j’ai fini par voir qu’un phénomène littéraire émergeait : le mommy-porn.
Formation d’historienne-sociologue oblige (ouais, faut bien justifier la curiosité quoi) (mais la formation je l’ai quand même, souvenez-vous c’était au siècle dernier, j’avais 20 ans …), j’ai décidé de me pencher sur le sujet (après tout, c’est ce que j’avais fait pour la bit-lit et je m’en suis pas si mal porté depuis !) (Tiens, Cess déteins sur moi, je commence à mettre des parenthèses partout) du mommy-porn, et ne reculant devant rien, je ne me suis pas tenue aux seules nuances, j’ai aussi choisi deux autres livres pour pouvoir répondre à ces si importantes questions : qu’est ce donc que ce mommy-porn ? 50 nuances de Grey est-il un chef-d’œuvre littéraire ? Vais-je aimer ce que je vais lire ?
Oui, d’abord, qu’est ce donc que le mommy-porn ?
Déjà, sachez que le mot vient de rentrer dans le dictionnaire anglais, le Collins, donc l’équivalent de notre Larousse ou notre Robert.
Ça prouve que ça devient du sérieux.C’est donc un sous-genre littéraire de la littérature érotique, dont les caractéristiques sont (en gros, je vais pas vous faire une thèse non plus 😀 ) :
– l’auteur est une femme, une mère de famille d’une quarantaine d’années
– le sujet est l’initiation d’une jeune femme innocente et naïve à une sexualité qu’elle n’imaginait pas
– par un magnifique mâle alpha, riche, obsédé du contrôle,
– qui reste dans le cadre d’une sexualité sulfureuse mais tolérable (donc on va au-delà d’une sexualité dite hétérosexuelle classique appelée « sexe vanille », vers le bondage et le sadomasochisme, mais on reste dans la notion de consentement entre adultes)
– ça reste une histoire d’amouuuur
– les lectrices sont censées être du même statut social que l’auteur donc la fameuse ménagère de moins de 50 ans mère de famille
Cette notion de mommy-porn est née directement du phénomène d’édition qu’à été 50 nuances de Grey.
Pour établir cette définition, je suis redevable du site urban dictionnary et du site la pensée du discours dont je vous recommande chaudement l’article passionnant sur le sujet.
Voici donc mon top trois des trois livres que j’ai lu :
En troisième position :
Présentation de l’éditeur : Enfermée dans une relation d’un ennui mortel, Summer trouve refuge dans la musique et joue Les Quatre Saisons de Vivaldi dans le métro londonien. Lorsque son violon est détruit au cours d’une violente altercation, la jeune femme reçoit une offre étonnante : Dominik, séduisant professeur d’université à la sensualité débordante, se propose de lui fournir un nouveau violon en échange d’un concert privé. C’est le début d’une relation tumultueuse, placée sous le signe de la soumission. Summer a tôt fait de découvrir de nouvelles formes de plaisir…
Manque de bol, celui-ci sort des critères direct : Vina Jackson n’existe pas ! ce sont deux auteurs qui ont écrit le livre, l’un s’occupant de l’héroine en écrivant à la première personne, l’autre à la troisième personne pour Dominik. C’est le livre qui m’a le plus « dérangé ». Pas parce que c’est celui décrit le mieux l’initiation dans le BDSM, avec une montée en puissance des situations, une vraie relation dominateur/esclave, le potentiel dangereux d’une telle relation (spoiler : à un moment les protagonistes se séparent, et Summer tombe sous la coupe d’un dominateur qui est aussi un pervers dans le sens psychiatrique du terme). Ce qui m’a dérangé c’est que c’est vendu comme étant de la même veine que 50 nuances de Grey, qui est une love story, et que je n’ai pas du tout senti d’amour entre Summer et Dominik. J’ai eu une impression de froideur en lisant le livre qui ne s’est jamais démentie et moi, j’ai un
Je ne lirai pas la suite parce que je n’ai pu m’attacher à aucun personnage.
En deuxième position :
Présentation de l’éditeur : Lorsqu’Anastasia Steele, étudiante en littérature, interviewe le richissime jeune chef d’entreprise Christian Grey, elle le trouve très séduisant mais profondément intimidant. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle tente de l’oublier – jusqu’à ce qu’il débarque dans le magasin où elle travaille et l’invite à un rendez-vous en tête-à-tête. Naïve et innocente, Ana ne se reconnait pas dans son désir pour cet homme. Quand il la prévient de garder ses distances, cela ne fait que raviver son trouble. Mais Grey est tourmenté par des démons intérieurs, et consumé par le besoin de tout contrôler. Lorsqu’ils entament une liaison passionnée, Ana découvre ses propres désirs, ainsi que les secrets obscurs que Grey tient à dissimuler aux regards indiscrets…
A l’opposé du spectre de 80 notes (et je ne parle pas de colorimétrie !) nous avons donc le fameux Grey. Et comment dire… « Ça dégouline d’amour, c’est beau mais c’est insupportable » comme le chante si bien Anaïs! Là encore, j’ai eu du mal à « empathiser » avec les personnages. Tout est raconté par Ana, et se résume à « Whaou ! Au mon dieu ! Il est si beau que je l’aime ! D’abord quand on a des pieds comme les siens ont ne peut que l’aimer ! Au mon Dieu ! Whaou ! ». Si on peut comprendre un coup de foudre entre une jeune fille totalement naïve et innocente (lol j’ai même tendance à le lire au deuxième degré le mot innocence là, genre innocente du village), elle n’évolue absolument pas dans son adulation béate et franchement elle passe de nunuche vierge à nunuche qui s’est fait attachée et fessée… Et c’est tout ce que j’ai retenue de la trilogie (car oui, je me suis infligée les trois livres, pour comprendre pourquoi ce phénomène d’édition, et bien je n’ai pas encore compris pourquoi, c’est mal écrit, parfois même totalement décousu)
Je ne lirais donc pas la suite parce qu’il y en a pas lol Et même s’il y en avait une…
1ère position :
Présentation de l’éditeur : Lorsqu’il est entré dans ma vie, je ne savais rien de Gideon Cross sinon qu’il exerçait sur moi une attraction violente, si intense que j’en fus ébranlée. J’ignorais encore tout de sa force et de ses failles, de ce besoin qu’il avait de posséder et de dominer, de l’abîme au bord duquel il oscillait. Je n’imaginais pas que chacun deviendrait le miroir de l’autre – un miroir dans lequel se reflèteraient les blessures intimes et les désirs vertigineux qui nous habitaient tous deux.
Là aussi, vendu comme étant dans la mouvance de 50 nuances. Et comme une trilogie alors que l’auteur elle-même dit qu’elle n’a pas fini cette histoire ! Marketing, quand tu nous tiens… Et bien là, j’avoue, j’ai bien aimé. On évacue toute suite la question : oui, il y a du sexe. Beaucoup. Mais pour une fois les personnages sont crédibles, leurs réactions aussi. Ce sont tout les deux des accidentés de la vie, un traumatisme d’enfance qui les a bousillés. Gideon essaye de gérer ça par le contrôle obsessionnel, elle se raccroche à la thérapie faite lors de son adolescence. Entre c’est passionnel, obsessionnel, à la limite de la folie, et chacun perçoit le danger que cette relation peut présenter : sur le fil du rasoir, elle peut devenir extrêmement toxique ou être une planche de salut.
Alors là oui, je lirai la suite.